Chapitre 77

Derrière le lourd panneau de bois se trouvait un corridor aux murs de pierres noires, éclairé par des torches crépitantes. Des cris résonnaient dans un couloir annexe : des cris de douleur … Sylphaïs n’y prêta pas attention et continua d’avancer d’un pas déterminé dans le couloir.

Il croisa quelques silhouettes encapuchonnées, qui détournaient le regard à son approche. Cependant, un personnage s’approcha de lui d’un pas rapide et claudiquant : il était assez petit, borgne avec des cheveux gris sales et parsemés.

• Ne serait ce pas Sylphaïs ? bredouilla l’étrange personnage. Mais … Le maître est occupé et…
• Conduit moi à lui ! le coupa l’albinos. Il n’est pas assez occupé pour manquer ma visite.

Le petit homme courba l’échine et emmena le grand Sram vers une porte sculptée de motifs macabres en marmottant des excuses incohérentes. Arrivé devant la fameuse ouverture, Sylphaïs entra sans même frapper et entre de plein pied dans la pièce qui s’avérait être un cabinet de travail. Le sram qui se tenait penché sur des grimoires derrière un bureau leva les yeux et un sourire malsain se forma sur ses lèvres.

• Mais qui voila ? Le Sillonneur Albinos qui vient aux nouvelles en préservant le secret de sa venue fit le maître d’une voix rauque.

Sylphaïs baissa la tête en signe de salut et enleva son capuchon.

• Je ne pouvais pas prendre le risque d’envoyer un message. On me tient à l’œil … Je me suis engagé dans une mission assez … subtile.
• Explique-toi, je t’écoute.
• C’est une mission dirigée par une fécatte assez maladroite, le but est de récupérer un livre de l’ancien temps, très puissant à ce qu’on dit.
• Oui, nous en avons entendu parler, mais cela ne représente aucun intérêt à nos yeux. Il n’a aucun rapport avec la magie des Silllonneurs, laissons le donc de côté.
• Mais je suis tombé sur un objet bien plus précieux : l’Epée tirée du roc.

Le maitre ouvrit de grands yeux baignés d’un intérêt. Il savait que Sylphaïs ne viendrait pas pour causer d’un ouvrage inutile, mais de là à trouver l’arme si vite …

• Dis-m’en plus !
• Elle appartient à un écaflip répondant au nom d’Aléak Yactes. Je dois dire qu’il n’est pas très futé et il ne maîtrise l’Epée qu’a moitié. Lui soutirer l’arme ne sera pas difficile … Le tuer non plus d’ailleurs …
• Il ne faut pas lui soutirer de force, s’exclama le maître. Et encore moins le tuer ! D’après ce que nous savons, la mort du porteur entraîne la disparition de l’Epée.
• Que faut il faire alors ?
• Il faut rallier l’écaflip à notre cause. Ou le traîner de force, mais le faut le garder en vie. Tu devras le ramener au quartier général des Silloneurs le plus vite possible, mais discrètement.
• Bien. Mais j’ai un autre problème. Un certain iop : Nouriouki … Il me surveille.
• Il ne nous est pas inconnu en effet … Il est chasseur de primes itinérant. S’il devient trop encombrant, tue-le. Mais en douce …
• Il en sera ainsi ! répondit Sylphaïs avec un sourire plus que sadique. Et voici aussi un objet que j’ai récupéré lors d’un petit règlement de comptes. Une simple décapitation dans un caniveau …

Le sram tendit le couteau à son supérieur. Celui-ci l’examina avec beaucoup d’attention et le compara avec un autre poignard. Sylphaïs expliqua qu’un autre Sillonneur renégat était sur la trace de ce couteau. Le maître ordonna à l’albinos de rester au cœur de sa mission et tenter de convaincre Aléak de venir au quartier général situé dans une ville de l’extrême nord. Sylphaïs reprit le poignard que lui donnait le vieux sram et remit son capuchon sur ses yeux. Les deux hommes se saluèrent, et l’albinos s’apprêta à repartir, quand un cri affreux retentit.

• Je crois que votre prisonnier ne dira plus rien, à moins de faire appel à un nécromancien. Ce cri là est bien le dernier qu’un homme puisse pousser … fit le grand sram sur un ton cynique avant de se diriger vers la sortie.